Le canal des Pangalanes

Ce boulevard aquatique longeant la côte orientale de Madagascar est protégé des vagues par un étroit cordon littoral.

Le cabotage dans les eaux malgaches de l’océan Indien est rendu dangereux par la présence de récifs et de courants violents. Afin de pouvoir naviguer à l’abri des vagues, dont le fracas explosif ponctue la rumeur des flots les jours de forte houle, on a relié par des canaux les lagunes qui se succèdent derrière les dunes bordant la côte. De tels travaux sont attestés avant l’époque coloniale déjà. Mais c’est peu après l’arrivée des Français en 1895 que démarre un gigantesque chantier consistant à créer une voie navigable potentiellement longue de 665 km. Le but des colonisateurs était avant tout de faciliter l’exploitation et l’exportation des ressources agricoles et forestières de la côte.

En 1901, un premier tronçon est inauguré entre Tamatave et Brickaville. Son creusement a coûté la vie à de nombreux travailleurs emportés par des fièvres ou victimes des crocodiles. Ces derniers, bientôt exterminés, ne subsistent plus que dans certains marais intérieurs. Tandis que se construit un chemin de fer entre Tananarive et Tamatave, le creusement du canal se poursuit en direction du sud, atteignant Varomandry en 1915 et se terminant à Farafangana en 1949. Trop souvent ensablé, encombré de jacinthes d’eau, cet ouvrage ne parvient pas longtemps à résister à la concurrence du rail et de la route. Jamais il ne deviendra le moteur du développement auquel rêvaient ses concepteurs.

Sa partie septentrionale demeure toutefois fréquentée par de grosses pirogues de transport, des bateaux-brousse chargés de passagers et des chalands alourdis par leur cargaison (charbon de bois, riz, sable, ciment, carburant etc.). Sa partie méridionale est plus longue et plus calme. Les pirogues de pêche monoxyles partout présentes permettent non seulement d’y relever des nasses mais également d’affronter les dangers de l’océan invisible derrière les arbres. Les riverains cultivent du riz et pratiquent un artisanat diversifié. Ils occupent des villages traditionnels aux cases en torchis et aux toits en feuilles de ravilana (arbre du voyageur).

Les plages sableuses de certains lacs sont appréciées des baigneurs pour leur surprenante blancheur. Elles résultent de la dégradation du quartz qui constitue le socle rocheux des versants voisins.